Le New Deal Saveur Hoover de 1932

par Murray N. Rothbard


Traduction du onzième chapitre de America's Great Depression

 

Le président Hoover se présenta à la session législative de 1932 dans un climat de crise ; il était prêt à prendre des mesures dramatiques. Dans son message annuel au congrès du 8 décembre 1931, Hoover commença par passer en revue sa politique des deux années précédentes :

«  Plusieurs mesures ont été prises au cours des deux dernières années pour faire face aux nouvelles situations d’urgence auxquelles nous avons été confrontés… afin atténuer l’impact violent de la liquidation dans l’industrie et le commerce, ce qui nous donnait du temps pour un réajustement ordonné des coûts, des inventaires et des crédits sans panique et faillites massives.

Des mesures comme celles reliées aux travaux publics locaux et d’état, le travail partagé, le maintien du plafond des salaires ("une grande majorité des employeurs ont maintenu des salaires aussi élevés qu’avant"), des restrictions sur l’immigration, et le National Credit Corporation, déclara Hoover, ont servi de tels buts et alimenté la reprise. Maintenant, Hoover demanda des mesures encore plus draconiennes, et il présenta le programme suivant :

1. Etablissement d’une Agence de Financement de la Reconstruction qui utiliserait les fonds du Trésor pour prêter aux banques, aux industries, aux agences de crédit agricole ainsi qu’aux gouvernements locaux
2. Assouplissement les règles d’admissibilité pour un emprunt à taux d’escompte auprès de la Fed
3. Création d’un système de financement de prêts hypothécaire à escompte pour revitaliser le secteur de la construction et des mesures à l’emploi qui avaient été chaudement accueillies et endossées par la Conférence Nationale de l’Habitation convoquée par Hoover pour la circonstance
4. Augmenter l’aide gouvernementale aux banques fédérales agricoles
5. Etablir une Agence Fédérale des Travaux Publics pour coordonner et lancer de nouveaux projets dans ce sens
6. Restreindre d’avantage l’immigration d’un point de vue légal
7. Faire quelque chose pour affaiblir la "compétitivité destructrice" (i.e., la compétition) dans l’utilisation des ressources naturelles
8. Octroyer des prêts de $300 millions directement aux états pour des programmes d’aide;
9. Réformer les lois sur la faillite (i.e., affaiblir la protection dont jouissait le créditeur)

Hoover afficha également de l’anxiété concernant la nécessité de "protéger les chemins de fer de la compétition non réglementée," et pour soutenir les compagnies de chemin de fer au bord de la faillite. De plus, il fit appel au travail partagé afin de sauver des millions d’Américains du chômage.

L’Augmentation des Taxes

Avec un déficit $2 milliards au cours de l’année 1931, Hoover ressenti la nécessité de faire quelque chose l’année suivante afin de combattre ce problème. Les déficits budgétaires sont en effet une mauvaise chose, mais un budget équilibré n’est pas nécessairement toujours une bonne chose, particulièrement lorsque le manque à gagner est obtenu par le biais d’une hausse des taxes et des dépenses. S’il voulait équilibrer le budget, Hoover avait deux choix : Réduire les dépenses, donc soulager l’économie du poids de l’intervention gouvernementale, ou d’accroître ce fardeau en augmentant les taxes. Il choisit la deuxième solution. Dans l’une de ses dernières prestations en tant que secrétaire au Trésor, Andrew Mellon se montra favorable à des hausses drastiques de taxes, incluant une hausse de l’impôt sur le revenu, une taxe sur l’héritage de propriétés, la taxe de vente et la taxe postale. Se pliant à la ligne définie par Mellon et Hoover, le Congrès adopta l’une des hausses de taxes les plus magistrales que connut les Etats-Unis en temps de paix (le Revenue Act de 1932).

L’étendue de cette hausse de taxes était énorme. Plusieurs taxes d’accise adoptées en temps de guerre furent ressuscitées, une taxe de vente fut imposée sur l’essence, les pneus, les automobiles, l’énergie électrique, le malt, les fourrures, les bijoux et d’autres articles ; les taxes d’admission et sur le transfert d’actions furent augmentées, de nouvelles taxes furent appliquées sur les chèques, les transferts de bonds, le téléphone, le télégraphe, les messages radio. L’impôt sur le revenu connut une hausse spectaculaire ; le taux normal de 1 à 5% fut ajusté à une fourchette de 4 à 8%, les exemptions personnelles furent réduites de façon drastique, et un crédit de 25% sur le revenu fut éliminé. Les surtaxes connurent une hausse encore plus spectaculaire, d’un maximum de 25% à 63% pour les revenus les plus élevés. De surcroît, la taxe sur les entreprises passa de 12 à 13% et une exemption pour les petites entreprises fut abolie. La taxe foncière fut doublée, et le plancher d’exemption réduit de moitié. La taxe sur les dons (comme le transfert de propriété) qui avait été supprimée fut restaurée, et majorée de 33%. [1]

Hoover tenta aussi du mieux qu’il pu d’imposer au public une taxe de vente sur les produits manufacturés, mais il dû rebrousser chemin face à la détermination du patronat de cette industrie. Il faut mentionner que pour Hoover la hausse spectaculaire de l’impôt sur les héritages fonciers était morale en soi, en plus de son utilité prétendue d’un point de vue fiscal. La taxe sur les héritages, déclarait-il, « est l’une des plus désirables qui soit d’un point de vue tant économique que social.» Il fit une sombre allusion au “mal attaché à la transmission du pouvoir économique”, aux « avocats rusés et fourbes,» et aux playboys « odieux » : Il n’y a aucun indice qui laisse à croire qu’il réalisait qu’une taxe sur l’héritage de la fortune est une taxe sur la propriété sur l’homme capable ou de ses descendants qui doivent conserver leur habilité de façon à préserver leur fortune. Il n’y a pas d’indice qu’il comprit qu’une taxe pure sur le capital comme celle-là était la pire forme de taxe qui puisse exister sir le but était de mettre fin à la dépression.

La hausse des tarifs postaux fit porter un poids supplémentaire sur les épaules du public et permit au gouvernement de gonfler ses revenus dans un secteur où il exerçait un monopole. Le tarif pour les lettres passa de 2¢ à 3¢ en dépit du fait que le système de comptabilité des postes montrait qu’il existait déjà un profit substantiel sur le courrier de première classe. Les tarifs postaux pour les éditeurs utilisant le courrier de seconde classe furent majorés du tiers, et ceux des petit colis de 25 pourcent (bien que le tarif pour les gros colis fût réduit légèrement). [2]
L’une des critiques les plus convaincantes des politiques absurdes fut livrée par la Chambre de Commerce de St. Louis. Alarmée par l’appel incessant pour l’instauration de nouvelles taxes, la Chambre déclara :

«  Lorsque les gouvernements cherchent à maintenir le haut niveau de taxation qui a été obtenu en bonne partie en ces temps difficiles, le spectre de taxes encore plus élevées est l’un des éléments les plus importants qui empêche une reprise.

Les contribuables, insista la chambre, devraient obtenir une réduction autant des taxes que des dépenses gouvernementales. [3] Et le Atlanta Constitution qualifia le Tax Act de 1932 comme "la loi de taxation la plus vicieuse… jamais impose au pays en temps de paix" [4]

Dépenses Versus Economie

En dépit de l’augmentation drastique des taxes et des impôts, les revenus totaux du

gouvernement fédéral chutèrent en 1932 à cause de la dépression de plus en plus sévère, elle-même aggravée en partie par les taxes plus élevées. Les revenus totaux du gouvernement fédéral, en excluant les entreprises d’état, chutèrent de $2.2 milliards en 1931 à $1.9 milliard en 1932; en incluant les entreprises d’état, les revenus passèrent de $3.4 milliards à $3 milliards. Les recettes totales des gouvernements passèrent de $12.4 milliards à $11.5 milliards, incluant les entreprises d’état et de $10.3 milliards à $9.5 milliards en excluant celles-ci. Le résultat fut que le déficit fédéral déjà considérable augmenta en dépit d’une chute des dépenses de l’état en 1932. Les dépenses fédérales passèrent de $4.4 milliards à $3.4 milliards (de $5.5 milliards à $4.4 milliards si on compte les entreprises d’état) et les dépenses globales gouvernementales chutèrent de $13.3 milliards à $11.4 milliards (de $15.2 milliards à $13.2 milliards si on inclus les entreprises d’état). Sur les $1.7 milliards que constituait le déficit, le gros, soit $1.4 milliard, était d’origine fédérale.

Le déclin de $1 milliards en dépenses gouvernementales pour l’année était principalement causé par une chute de $800 millions des paiements de transfert (prêts aux vétérans), et une chute de $200 millions dans les transferts aux gouvernements locaux et ceux des états. La chute de $900 millions dans les dépenses des états et des autorités locales ($900 millions) avait largement pour origine un déclin de $800 millions dans la construction.

Les gouvernements locaux et des états, qui, contrairement au gouvernement fédéral, ne pouvaient pas imprimer de l’argent frais ou créer des dépôts en vendant des bonds à un système bancaire contrôlé, arrivèrent dès 1932 à la conclusion que leur situation financière était trop critique pour leur permettre de continuer des travaux publics à grande échelle. Les gouvernements locaux et les états furent donc contraints de couper dans leurs dépenses pour ajuster leurs dépenses à leurs recettes en chute libre.

Que cela signifiait-il concernant le fardeau fiscal du gouvernement sur l’économie ? Alors que le montant absolu des dépenses fédérales passait de $5.5 à $4.4 milliards en 1932, et que le fardeau provoqué par les états et les municipalités chutait de $9.7 à $8.8 milliards, le PNP chutait largement plus. Le PNB chuta de $76.3 milliards en 1931 à $58.5 milliards en 1932, alors que le PPB passa de $70.9 à $53.3 milliards. La Production Primaire Nette elle enregistra un recul de $62.7 à $45.7 milliards. Donc, le fardeau fiscal relatif du gouvernement fédéral passa de 7.8 pourcent en 1931 à 8.3 pourcent en 1932 et celui des états et des autorités locales de 13.7 à 16.5 pourcent. Au total, le poids fiscal des gouvernements relatif au PPB grimpa de 21.5 pourcent à 24.8 pourcent ; le fardeau sur le PPN lui de 24.3 à 28.9 pourcent.

L’un des projets de dépenses fédérales les plus inquiétants pour l’année 1932 concernait un énorme bonus de $2 milliards pour les vétérans que le congrès voulait financer à l’aide de l’émission d’une nouvelle devise. C’est la défaite finale de ce projet devant le Sénat en juin qui stoppa la clameur générale pour des dépenses gouvernementales encore plus considérables. L’agitation autour de ce bonus pour les vétérans mena à un Comité National sur l’Economie, organisé par le colonel Archibald R. Roosevelt, qui combattait cette proposition. Le Comité devint plus tard le National Economy League, qui devint très actif à travers le pays au milieu de 1932. Le président de la Ligue était l’amiral Richard E. Byrd, qui abandonna une expédition polaire pour y prendre part, et le secrétaire était le capitaine Charles M. Mills. Mise sur pieds par le colonel Roosevelt et Grenville Clark, la Ligue attire 60,000 membres dans 45 états. L’objectif de la Ligue était de forcer le gouvernement à couper ses dépenses. « Nous ne retrouverons pas le chemin de la prospérité tant que le gouvernement ne réduira pas le fardeau des taxes. » Les taxes, déclarait-il, paralysaient l’industrie et affectaient autant les riches que les pauvres. Malheureusement, la Ligue n’avait pas la volonté de suggérer des moyens spécifiques pour réduire les dépenses, hormis pour ce projet qui concernait les vétérans. Le capitaine Mills présuma simplement que les travaux publics ne pouvaient pas être soumis à des coupures puisqu’il fallait réduire le chômage, et le budget la défense nationale ne pouvait pas être coupé même si aucun pays ne menaçait les Etats-Unis. [5]

D’autres partisans d’une rationalisation des dépenses furent encore plus bruyants et pressèrent Hoover pour qu’il équilibre le budget en réduisant les dépenses de $2 milliards plutôt qu’en haussant les taxes. Parmi ceux-ci on retrouvait le redoutable républicain de Pennsylvanie et ancien Solliciteur Général des Etats-Unis James M. Beck. [6] Mais Hoover rejeta les demandes de nombreux hommes d’affaire et banquiers, dont plusieurs étaient membres du parti démocrate. A un homme d’affaires qui le suppliait de réduire les dépenses de $2 milliards, Hoover rétorqua avec l’hystérie typique des bureaucrates :

«  Votre thèse est que les dépenses gouvernementales peuvent être réduites de $2 milliards, soit le montant correspondant à la chute des recettes. C’est ….complètement impossible. Ceci équivaudrait à sacrifier le service postal, la marine marchande, la protection des biens et des personnes et la santé publique. Nous aurions à relâcher 40,000 prisonniers à travers le pays ; nous aurions à cesser l’entretien des rivières et des ports ; nous aurions à stopper tous les projets de construction qui servent à embaucher des chômeurs, ceci voudrait dire l’abolition[sic] de l’armée et de la marine. En d’autres mots ceci signifierait le chaos le plus total.

Permettons nous de soulever une importante question, à savoir si plusieurs de ces services sont si vitaux, ou encore s’il faut absolument qu’ils soient fournis par un monopole obligatoire géré par l’état. Des coupes de $2 milliards dans les dépenses fédérales auraient-elles mené à de telles conséquences ? En prenant l’année fiscale 1932, les dépenses fédérales (incluant celles des entreprises d’état) de $4.8 milliards équivalaient à $59.50 par personne en utilisant un index basé sur les prix de 1926.

Au cours des années 1920, le gouvernement fédéral dépensa un montant réel d’environ $25 par personne, et de 1890 à 1916, environ $10 par personne annuellement. Ceci veut dire que le budget fédéral aurait pu être coupé de $2.8 milliards pour maintenir les services offerts au cours des années 1920, et de $4.0 milliards tout en maintenant les services fournis pendant la période 1890-1916, une période pendant laquelle les Etats-Unis ne souffraient aucunement de lacunes au niveau de la défense ou des services postaux. [7]

Alors que les partisans de coupures pressaient Hoover de sabrer dans les dépenses et les taxes, les radicaux demandaient au gouvernement de se lancer dans des programmes de dépenses publiques.

William Trufant Foster, dans un discours devant la Taylor Society au cours de l’été 1932, lança un appel en faveur de l’expansion « collective » de la masse monétaire et du crédit afin de ramener les prix a leur niveau de 1928. Virgil Jordan, économiste pour le Business Week , prônait un accroissement des dépenses publiques: "Tout comme nous avons épargné notre chemin vers la dépression, nous devons dilapider notre chemin pour nous sortir de celle-ci" Ce conseil fut donné peu avant le banquet annuel de la Chambre de Commerce de Pennsylvanie. D’autres économistes demandaient aussi un accroissement des dépenses publiques et un objectif d’équilibre budgétaire « cyclique » plutôt que permanent, notamment Paul H. Douglas, R.M. Haig, Simeon E. Leland, Harry A. Millis, Henry C. Simons, Sumner H. Slichter, et Jacob Viner. [8]

L’Agitation pour des Travaux Publics

Alors que les dépenses publiques allaient bon train, des agitateurs, partisans de grand travaux publics redoublèrent d’effort dans leur campagne de propagande à l’été 1932. Virgil Jordan, économiste pour le Business Week , lança un appel en faveur de travaux publics plus importants, de déficits, de « stimulus ». W.T. Foster, Otto Tod Mallery, et David Cushman Coyle s’époumonèrent à demander de grands travaux publics. Les sénateurs LaFollette et Wagner commanditèrent chacun des dépenses accrues pour de grands travaux publics, et ils étaient supportés par beaucoup d’économistes et d’ingénieurs. Le sénateur Wagner fit parvenir un questionnaire sur son plan de dépenses de $1 milliard à de nombreux économistes et seules quelques voix dissidentes se manifestèrent dans la clameur générale. [9]

Felix Frankfurter pensa que le programme devrait aller encore plus loin. Plusieurs économistes, cependant, demandèrent qu’on fasse preuve de plus de prudence ou manifestèrent leur désapprobation ouverte, causant ainsi une scission dans ce qui était apparu au départ comme une phalange solide d’économistes en faveur de travaux publics. John Maurice Clark écrivit qu’il n’était pas certain, et inquiet face à l’impact sur la confiance du public et l’affaiblissement du crédit bancaire qui en résulterait. Parmi ceux qui s’inquiétaient devant une possible érosion de la confiance et qui s’opposaient prudemment à ces mesures on retrouvait les professeurs Z.C. Dickinson, Henry B. Gardner,et Alvin H. Hansen. Jacob Hollander de Johns Hopkins se montra un adversaire encore plus farouche de telles mesures; celui-ci avait signé le rapport défavorable du President's Committee quelques mois plus tôt. Hollander exprima ses inquiétudes concernant la structure du crédit et les déficits continuels. Edwin F. Gay de Harvard croyait qu’il était impératif d’économiser et d’équilibrer le budget.

Willford I. King, de l’université de New York, avertit que les salaires devaient chuter en proportion avec la chute des prix et du coût de la vie afin d’éliminer le chômage. Il mentionna de façon tout a fait logique que des emplois aux salaires élevés existant perpétueraient le problème du chômage. Malheureusement, King suggéra aussi une inflation monétaire pour restaurer le niveau des prix de 1926. M.B. Hammond, de l’université d’état de l’Ohio, livra une excellente critique de la loi Wagner. La voie à adopter, disait-il, était de limiter les dépenses, équilibrer le budget, préserver l’étalon or et permettre un réajustement nécessaire des prix via la déflation :

«  Les conditions se stabiliseront aussitôt que les prix dans certains secteurs se seront ajustés aux réductions de prix qui ont eu lieu dans d’autres secteurs. Une appropriation importante de fonds et de main d’œuvre pour des travaux publics entraverait un tel ajustement et nuiraient aux efforts de l’industrie privée pour reprendre ses opérations.

Un des meilleurs commentaires sur la proposition fut donné par A. Berridge, économiste pour la compagnie d’assurance Métropolitaine. L’issue de bonds pour des travaux publics, écrivait-il, « va drainer sérieusement et peut-être dangereusement le capital nécessaire aux entreprises privées pour que celles-ci investissent et aident le pays à sortir de la dépression ». « Les projets de travaux publics », ajouta-t-il, « vont geler le capital financier et humain dans des projets qui n’apporteront pas autant au bien-être matériel de la collectivité en général que si ce capital avait été utilisé par l’industrie privé »
Le magazine American City se fit le vecteur de plus d’agitation en faveur de travaux publics, et demanda qu’on mette en place un programme de 6 ans où des prêts à taux d’intérêt bas seraient consentis pour des travaux publics, et le colonel John P. Hogan, proposa l’instauration de la Productive Research Work Corporation , d’une valeur de $1.5 milliards, favorisant l’octroi de prêts aux gouvernements locaux pour des travaux publics. [10]

Le plan de Hogan fut endossé par la Ligue de Construction Américaine, et par l’Association Générale des Contracteurs des Etats-Unis, toutes deux friandes de subventions gouvernementales à l’industrie de la construction. En juin, l’industrie de la construction parraina un comité (le National Committee for Trade Recovery), dont l’objet était de faire la promotion de travaux publics. D’autres zélotes furent J. Cheever Cowden, un investisseur banquier de New York, qui proposait un programme annuel de travaux publics de $4.5 milliards, le colonel Malcolm C. Rorty, qui voulait $1 milliard par an, Owen D. Young, Alfred E. Smith, et Franklin D. Roosevelt. William Randolph Hearst suggéra l’émission de bonds d’une valeur de $5.5 milliards, une suggestion qui fut endossée en janvier 1932 par 31 économistes, incluant Thomas Nixon Carver, Paul H. Douglas, William Trufant Foster, Robert M. Maclver, et J. E. LeRossignol. [11]

A l’été 1932, 3 livres publiés allaient faire office de baromètre sur la politique du New Deal de Roosevelt. Ceux-ci demandaient un accroissement des dépenses publiques du gouvernement, particulièrement pour les travaux publics, ainsi qu’une planification économique centrale ; ces livres étaient ceux de Stuart Chase The New Deal , David Cushman Coyle The Irrepressible Conflict: Business vs. Finance, et George Soule A Planned Society. Leurs suggestions concernant le lancement de travaux publics furent endossées par le New Republic et l’ American Federation of Labor. Les Conférence des Maires des Etats-Unis demanda un programme de travaux publics de $5 milliards, et les socialistes avoués Norman Thomas et Morris Hillquit surpassèrent tout le monde en suggérant l’émission de $12 milliards de bonds, la moitié servant à des travaux publics et l’autre à de l’aide directe.

Entre temps cependant, le président Hoover commençait à avoir quelques doutes sur l’une de ses politiques favorites ; les travaux publics. Dans une conférence à la fin de février, Hoover admit que son programme de travaux publics, qui avait déjà fait doubler la construction fédérale depuis le début de la dépression, avait échoué. Ce fut un programme très dispendieux, coûtant $1200 par famille aidée, celui-ci était non disponible pour les familles nécessiteuses habitant des zones éloignée et ceux qui étaient incapables d’effectuer de tels travaux, des travaux manuels requerrant de la main d’œuvre non qualifiée. Hoover commençait maintenant à vouloir favoriser d’avantage d’aide aux états au lieu de grands travaux publics. En mai, Hoover avait fait marche arrière sur ses positions initiales, et s’opposait maintenant à toute extension de travaux non autoamortissables . Le résultat fut que les dépenses pour les travaux publics ne s’accrurent que de $60 millions en 1932, pour atteindre $333 millions. L’expérience avait amené le président à limiter ces expériences sur les travaux publics, et de renoncer partiellement à des idées dont il s’était fait le champion depuis une décennie. Les travaux publics ne revinrent sur le devant de la scène qu’avec l’administration Roosevelt. [12]

En dépit de ce changement de position, Hoover continua d’insister sur les mérites de travaux publics « autoamortissables » et il poussa la Reconstruction Finance Corporation (RFC) à prêter abondamment pour des barrages, des ponts et la démolition de taudis. En fait, Hoover se rappelle encore avec fierté qu’il avait personnellement amené les gouvernements des états et les municipalités à augmenter leurs programmes de travaux publics par $1.5 milliard pendant la grande dépression. Il mentionne encore fièrement que les travaux publics fédéraux furent plus importants pendant les quatre années de son administration qu’au cours des 30 années précédentes et il s’arroge encore le crédit d’avoir entrepris, pendant cette période, Jones Beach, le pont de la baie de San Francisco, l’aqueduc de Los Angeles , et le barrage Boulder. Il signa aussi un traité avec le Canada, en juillet 1932, afin de construire conjointement une voie navigable sur le Saint Laurent, mais le sénat de l’époque refusa sagement ce gaspillage et ces subventions favorisant une forme de transport maritime.

Le RFC

Sur tous les autres aspects du New Deal de Hoover, le président garda le cap avec enthousiasme plutôt que de vaciller. Le point le plus important du programme, le RFC, fut adopté en hâte par le Congrès en janvier. [13] Le RFC se fit octroyer un capital gouvernemental de $500 millions et reçu le pouvoir de faire grimper ce chiffre à $1.5 milliard. Hoover demanda à Bernard Baruch de présider le RFC, mais Baruch refusa. A ce moment, Hoover se tourna vers Eugene Meyer, Jr., un vieil ami de Baruch mais l’un des plus socialistes parmi ses conseillers, celui-là même qui lui avait suggéré de mettre sur pied le RFC. [14] Pendant les cinq premiers mois de son existence, les activités du RFC furent entourées de mystère, et c’est seulement une action décisive du Congrès dominé par les démocrates qui força l’agence à produire un rapport public périodique à partir du mois d’août. L’excuse bureaucratique fut que les prêts du RFC devaient, tout comme les prêts bancaires et ceux de la National Credit Corporation rester confidentiels sous peine de voir la confiance dans les banques ou les entreprises aidées s’éroder. Mais comme le RFC fut mis sur pied pour prêter de l’argent à des organisations au bord de la banqueroute, le public avait parfaitement le droit de perdre confiance en elles, et le plus tôt était le mieux. De plus, puisque les contribuables sont supposés être le patron du gouvernement, il n’y a aucune excuse pour que des membres de celui-ci de garder secrètes des informations qui pourraient nuire à leurs intérêts. En démocratie, le secret est particulièrement inculpant : Comment les gens peuvent-ils prendre des décisions intelligentes si le gouvernement leur cache de l’information ?
Au cours des cinq premiers mois entourant ses opérations, de février à juin, le RFC octroya pour $1 milliard de prêts, dont 80 pourcent pour des banques et des compagnies de chemin de fer. L’affirmation républicaine selon laquelle les prêts du RFC n’étaient pas du tout de nature politique ne tenait pas la route. Ainsi, le général Charles Dawes démissionna en tant que président du RFC le 7 juin. Moins de trois semaines plus tard, la banque de Chicago qu’il dirigeait, la Central Republic Bank and Trust Company, reçut un prêt de $90 millions même si le montant des dépôts de cette banque n’excédait pas $95 millions. Que le général ait démissionné et tout de suite après demandé et reçu un prêt énorme pour sa propre banque paru comme une extorsion de fonds par collusion aux payeurs de taxes. [15] De plus, le RFC octroya un prêt de $14 millions à l’Union Trust Company of Cleveland; le président de cette banque n’était nul autre que Joseph R. Nutt, trésorier du Republican National Committee.

Le successeur de Dawes à la tête du RFC fut l’honorable Atlee Pomerene, dont la grande contribution à la sagesse économique ambiante fut l’affirmation selon laquelle il aimerait forcer tous les commerçants à accroître leurs achats de 33%. C’est là que se trouvait la clé de la reprise ! Sous Pomerene, le FRC autorisa promptement un prêt de $12.3 millions à la Guardian Trust Company de Cleveland, dont Pomerene fut l’un des dirigeants. Un autre prêt de $7.4 millions fut consenti à la Baltimore Trust Company, dont le vice-président était l’influent sénateur républicain Phillips L. Goldsborough. Un prêt de $13 millions fut consenti à la Union Guardian Trust Company de Détroit, dont l’un des directeurs était le secrétaire au commerce, Roy D. Chapin.

Quelques $264 furent prêtés aux compagnies de chemin de fer au cours des cinq premiers mois. La théorie était que les titres de chemin de fer devaient être protégés puisque plusieurs étaient détenus par des banques d’épargne et des compagnies d’assurance, de prétendus agents pour les petits investisseurs. Sur les $187 millions de prêts qui furent retracés, $37 millions servirent à améliorer une situation et $150 millions pour rembourser des dettes. L’un des premiers prêts, par exemple, fut un montant de $5.75 millions pour la Missouri Pacific afin qu’elle rembourse ses dettes à J.P. Morgan and Company. Un total de $11 millions fut consenti à la compagnie de chemin de fer Van Sweringen (incluant la Missouri Pacific) afin de rembourser des prêts bancaires.
$8 millions furent prêtés à la Baltimore and Ohio pour rembourser un prêt de Kuhn, Loeb and Company. En tout, $44 millions furent octroyés aux compagnies de chemin de fer par le RFC afin de rembourser des prêts bancaires. L’un des partisans les plus enthousiastes de cette politique fut Eugene Meyer, afin, selon lui de "faire la promotion d’une reprise," et, de façon plus franche, "mettre d’avantage d’argent dans les banques." Mais cette "promotion de la reprise" voulait dire qu’en réalité le payeur de taxes était volé et que son argent était transféré de façon obligatoire vers quelques banques, notamment J.P. Morgan and Company, Kuhn, Loeb and Company. L’étendue de l’humanitarisme démontré dans cette affaire peut être évalué par le fait que son beau-frère, George Blumenthal, était membre de J.P. Morgan and Company et que Meyer avait aussi servi d’agent de liaison entre la firme Morgan et le gouvernement français. Dans le cas de la Missouri Pacific, le RFC octroya le prêt en dépit des recommandations contraires d’une minorité au sein du Comité du Commerce Inter-états et, aussitôt que la ligne eut remboursé son prêt à Morgan, ont permit gentiment à la Missouri Pacific de déclarer faillite. [16]

John T. Flynn, dans un article caustique à propos du RFC, mentionna correctement que de tells prêts ne pouvaient que prolonger la dépression :

«  Les prix doivent chuter afin de rendre les biens de consommation abordables pour les ménages et leurs revenus. Le revenu lui-même doit être libéré par la suppression de dettes excessives afin d’acheter des biens de consommation…Toute tentative pour maintenir les prix artificiellement élevés ou voler à la rescousse des débiteurs les plus faibles ne fera que prolonger la dépression.

Flynn mentionna aussi que le meilleur moyen pour soulager l’industrie des chemins de fer, qui vacillait sous le poids de ses dettes, était de passer par le processus inévitable de redressement judiciaire :

«  Le plus rapidement la correction intervient, le plus vite on pourra s’attendre à une renaissance de cette industrie. Au lieu de permettre une correction des failles majeures [le poids du passif], le RFC a actuellement ajouté à celui-ci. [17]

En dépit du délai très court qu’il fallut pour que le RFC puisse avoir les mains libres, Hoover se plaignit que le Congrès démocrate avait empêché légalement celui-ci de démarrer ses activités pendant 6 semaines, permettant la dépréciation des titres en dessous de leur « valeur réelle » pendant ce délai , quelle que fusse celle-ci. La principale doléance de Hoover était que le congrès n’avait pas permit au RFC de prêter directement aux industries, au secteur agricole, où aux gouvernements locaux afin de financer des travaux publics. En clair, le Congrès n’avait pas permis au RFC de prêter de façon téméraire à d’avantage d’acteurs.

A la fin Hoover eut gain de cause et le Congrès accepta de transformer le RFC du statut d’agence essentiellement défensive, aidant les banques et les compagnies de chemin de fer endettées, en celui d’une agence plus agressive jouant un rôle « positif », en dégageant le capital nécessaire à de nouveaux projets de construction. Cet amendement du 21 juillet, le Emergency Relief and Construction Act de 1932, fit passer le capital autorisé du RFC de $2 milliards à $3.8 milliards et lui donna le mandate de permettre des prêts aux villes et aux états pour des programmes d’aide, des projets autoamortisables, et pour financer la vente de surplus agricoles à l’étranger. [18] Une gifle rétroactive au général Dawes fut en quelque sorte administrée lorsque les prêts aux banques furent interdits si l’un des directeurs de celle-ci était membre du conseil d’administration du RFC. Dans un amendement ultérieur, le RFC reçu l’ordre d’allouer $25 millions de ses fonds au Trésor afin d’acheter les actions des 12 nouvelles Banques Fédérales de Prêts Hypothécaires.

Pendant toute l’année 1932, le RFC alloua des crédits totalisant $2.3 milliards et avança $1.6 milliard en espèces. De ces avances pour l’année, 52 pourcent allèrent en prêts aux banques, 17 pourcent aux compagnies ferroviaires [la moitié servit à rembourser des prêts aux banques] et 9 pourcent pour l’agriculture.
Dans le secteur agricole, le RFC mit sur pied des agences régionales de crédit et leur avança $1.4 million avant d’autoriser des crédits de $55 millions pendant l’année. Le RFC fut particulièrement actif dans le secteur du cotton. Et bien que l’ American Engineering Council suggéra avec espoir un ensemble de projets autoamortissables totalisant $1 milliard ( principalement des travaux d’irrigation), le RFC n’autorisa que $147 millions et avança $16 millions pour de tels projets en 1932.

Secours Gouvernemental

Si Hoover embrassa avec ardeur l’étatisme du RFC, il fit retraite à contrecoeur sur un point où il s’était fait le champion de l’approche volontaire : Le secours direct. Le gouverneur Franklin D. Roosevelt de New York mena la charge pour l’adoption de programmes de secours direct pendant l’hiver 1931-1932, et il amena New York à adopter le premier programme d’aide gouvernemental : L’Administration pour le Secours d’Urgence Temporaire qui fut dotée d’un budget de $25 millions. [19] D’autres états emboîtèrent le pas, et les sénateurs Costigan et LaFollette introduirent un projet de loi pour un programme fédéral de secours de $500 millions [20] Le projet fut défait, mais avec la dépression qui s’aggravait et une élection présidentielle qui approchait, l’administration capitula, adoptant le Emergency Relief and Construction Act de juillet 1932 -le premier programme federal d’assistance aux démunis-. [21] Le projet de loi n’alla pas aussi loin que ce que les agitateurs avaient souhaité, puisqu’il élargissait le programme de prêts pour les états en difficulté plutôt que de leur donner de l’argent, mais la différence était triviale. Les prêts consentis aux états devaient être fait par le RFC à un taux de 3 pourcent sur la base des « besoins » des gouverneurs.

Le RFC fut autorisé à prêter jusqu’à $300 millions à cette fin. Des subventions furent rapidement données à l’Alabama, à la Géorgie, à l’Illinois, au Montana, au Dakota du Nord, à l’Ohio, à l’Utah, à la Louisiane et à l’Oregon. Le RFC engagea une équipe de travailleurs sociaux, dirigés par Fred Croxton, pour administrer le programme. Les états eux aussi augmentèrent leurs programmes d’aide. Alors que les dépenses totales pour le secours d’urgence étaient de $547,000 en 193-31, elles grimpèrent à $57 millions en 1931-1932 et $90 millions pour l’année fiscale 1933. New York, le New Jersey et la Pennsylvanie menèrent le bal dans les dépenses d’aide, la Pennsylvanie finança le gros de son aide avec de nouvelles taxes de vente. Au total, l’aide gouvernementale dans les 120 agglomérations urbaines les plus importantes avoisina les $33 millions en 1929, $173 millions en 1931, $308 millions en 1932. [22]

Le Programme Inflationniste

S’il y a une chose pour laquelle Hoover n’afficha aucune réticence, c’était bien pour le lancement d’un programme inflationniste à grande échelle. Primo, l’administration ouvrit la voie à ce programme en adoptant le Glass-Steagall Act en février, ce qui (a) élargissait grandement le champ des actifs éligibles à une réescompte auprès de la Fed (b) permettait à la Réserve Fédérale d’utiliser les bonds du gouvernement comme collatéral pour ses billets, en plus des titres commerciaux. [23] La voie était maintenant libre pour amorcer un énorme programme destiné à gonfler les réserves et émettre de l’argent facile de nouveau. De plus, Eugene Meyer, Jr. était maintenant gouverneur du conseil de la Réserve Fédéral et Ogden Mills avait remplacé le plus conservateur Andrew Mellon comme secrétaire au Trésor. A la fin de février 1932, les réserves totales des banques avaient chuté à $1.85 milliard. A ce moment, le FRS se lança dans un programme gigantesque d’achat des titres du gouvernement américain. Vers la fin de 1932, les réserves totales étaient de $2.51 milliards. Cet énorme accroissement de $660 millions en réserves en moins d’un an était sans précédent dans l’histoire de ce système. Si les banques avaient prêté au maximum de ce qui leur était permis d’après ces réserves, la masse monétaire du pays aurait augmenté de $8 milliards. Au lieu de quoi la masse monétaire chuta de $3.5 milliards pendant 1932, de 68.25 à $64.72 milliards à la fin de l’année, avec des dépôts bancaires de $3.2 milliards inférieurs à ceux de l’année précédente.

L’histoire de la masse monétaire du pays peut être scindée en deux blocs : De la fin de février à la fin de juillet et de la fin de juillet à la fin de décembre. Au cours de la première période, les réserves grimpèrent de $213 millions. Tout le programme d’achat de titres de la Réserve Fédérale pris place pendant cette première période, le portefeuille de titres passant de $740 millions à la fin de février à $1,841 millions à la fin de juillet, un accroissement énorme de $1.101 milliard en 5 mois. Les réserves totales contrôlées grimpèrent de $1 milliard. Toutefois ceci fut compensé par une réduction de $290 millions de l’endettement des banques auprès de la Fed, une chute importante de $380 millions dans les réserves d’or et un accroissement de $122 millions de l’argent liquide en circulation, bref, il y eut une réduction de $788 millions des réserves non contrôlées. Il était de la pure folie de se livrer à des opérations d’achat sur le marché libre alors que les réserves d’or chutaient, ce qui ne pouvait manquer de mettre à mal la confiance du public dans l’habilité du gouvernement de maintenir la convertibilité du dollar en or. Une raison derrière cette politique inflationniste était le déficit fédéral énorme de $3 milliards pendant l’année fiscale 1932. Puisque le département du Trésor n’avait pas le désir d’emprunter auprès du public via des bonds à long terme, celui-ci emprunta à court terme auprès des banques membres, et la Réserve Fédérale fut obligée d’approvisionner les banques en réserves.

En dépit de cette tentative pour causer de l’inflation, c’est au cours de cette année là que les dépôts bancaires de la nation chutèrent de $3.1 milliards ; par la suite, ils demeurèrent constants jusqu’à la fin de l’année. Pourquoi y eu-t-il une telle chute alors qu’on aurait pu s’attendre à les voir grimper ? L’explication se trouve dans l’émergence du phénomène des « réserves en excès ». Jusqu’au deuxième trimestre de 1932, les banques du pays avaient toujours prêté au maximum et ne gardaient qu’une quantité négligeable de réserves en excès. Maintenant les banques accumulaient des réserves en excès, et Currie estime que le pourcentage des réserves en excès sur les réserves totales passa de 2.4 pourcent au premier trimestre de 1932 à 10.7 pourcent aux deuxième trimestre. [24]

Pourquoi une telle émergence des réserves en excès? En premier lieu, l’achat des titres du gouvernement par la Fed était une tentative artificielle de doper le cheval de l’inflation. La chute des réserves d’or commandait une réduction de la masse monétaire afin de maintenir la confiance du public dans le dollar, sa convertibilité ainsi que le système bancaire. L’accroissement de l’argent en circulation à contre-saison était un signe inquiétant que le public perdait confiance dans les banques, et une contraction sévère de celles-ci était le seul moyen de regagner cette confiance. Face à la nécessité d’une déflation, la Fed s’embarqua dans un programme gigantesque d’achat de titres. Bien entendu, les banques, inquiètes des faillites bancaires qui avaient pris place et continuaient de se produire, hésitaient à augmenter leurs dépôts d’avantage, et ne le firent pas. Une explication communément avancée est que la demande pour des prêts de la part d’entreprises chuta pendant la dépression parce que celles-ci ne voyaient pas tellement d’opportunités devant elles. Mais cet argument ne tient pas compte du fait que n’ont jamais à être passives, que si elles le désiraient, elles pouvaient acheter des titres existants et ainsi accroître les dépôts de cette façon. Elles ne dépendent pas des entreprises lorsque vient le temps de demander des prêts commerciaux ou de vendre des bonds. La raison derrière cet excès de réserve doit donc être trouvée du côté des banques.

En temps de dépression ou de crise financière, les banques seront rébarbatives à l’idée de prêter ou d’investir, (a) pour éviter de mettre à mal la confiance de leurs clients, et (b) pour éviter le risque d’avoir prêté à une entreprise qui se retrouve en défaut de paiement. La politique artificielle d’argent facile de 1932 poussa les taux d’intérêt à un niveau plancher partout, ce qui n’encourageait pas les banques à consentir des prêts ou effectuer des investissements. Au moment où les risques augmentaient, l’incitatif pour prendre ceux-ci (la possibilité d’un retour via l’intérêt ), était amoindri par les manipulations gouvernementales. Et, comme nous l’avons mentionné plus haut, il ne faut pas sous-estimer l’impact terrifiant de cette vague de faillites bancaires sur la politique des banques. Pendant les années 1920, il y avait environ 700 faillites bancaires par an, avec des dépôts totalisant $170 millions. En 1930, 1350 banques firent faillite, avec des dépôts de $837 millions ; en 1931, 2,293 banques s’écroulèrent, emportant avec elles des dépôts de $1,690 millions ; et en 1932, 1,453 banques firent faillite, pour $706 millions de dépôts. Cet accroissement énorme des faillites bancaires était suffisant pour faire réfléchir les autres banques – particulièrement lorsque les banquiers savaient au fond de leur cœur qu’aucune banque (hormis la banque idéale et inexistante) ne pouvait survivre à une panique bancaire si les épargnants se présentaient tous en même temps. Par conséquent les banques permirent à leurs prêts commerciaux de diminuer sans accroître leurs investissements.

Donc, l’administration Hoover poursuivit une politique inflationniste gigantesque de mars à juillet 1932, faisant grimper les réserves contrôlées de $1 milliard par le biais de la vente de titres à la Fed. Si tous les autres facteurs étaient demeurés identiques, et que les banques avaient prêté autant que ce que leurs réserves leur permettaient, la masse monétaire aurait grimpé abruptement de $10 milliards pendant cette période. A la place, et heureusement, la politique inflationniste fut mise en déroute. Qu’est-ce qui contribua à son échec ? Les étrangers qui perdirent confiance dans le dollar, en partie à cause de ce programme, et qui retirèrent leur or ; les citoyens américains qui perdirent confiance dans leurs banques et transformèrent leurs dépôts en billets de la réserve fédérale ; finalement, les banquiers qui refusèrent de se mettre en situation de danger d’avantage et qui utilisèrent leurs ressources accrues pour soit repayer leurs dettes à la Réserve Fédérale ou qui accumulèrent celles-ci dans leurs voûtes. Et donc, heureusement, l’inflation voulue par le gouvernement fut transformée en déflation par les politiques du public et des banques, la masse monétaire diminua de $3.5 milliards. Comme nous le verrons plus loin l’économie américaine atteignit le fond du baril pendant la période 1932-1933, bien qu’elle commença déjà à montrer des signes de redressement à l’été 1932. Il n’est pas exagéré de penser que la déflation considérable de juillet 1931 – juillet 1932, totalisant $7.5 milliards de dépôts et d’espèces, ou 14 pourcent, fut en partie responsable du point tournant de l’été 1932. [25]

La majeure partie de l’accroissement des réserves des banques survint tard pendant le deuxième semestre de 1932, lorsque celles-ci passèrent de $2.05 à $2.51 milliards, une augmentation de $457 millions. Néanmoins cet accroissement ne fut pas causé par la politique d’achat de titres de la FRB, puisque l’administration Hoover avait à ce moment cessé ses efforts, réalisant que rien ou pratiquement rien n’avait été accompli. Avec la fin de l’inflation Hoover, la variation du stock d’or s’inversa et on assista même à un déclin de l’argent en circulation, en violation de son mouvement normal saisonnier. Pendant la deuxième période, les réserves sous contrôle de l’état connurent un accroissement de $165 millions et les réserves non contrôlées un accroissement de $293 millions, surtout à cause du stock d’or, qui s’accrut de $539 millions. La masse monétaire, cependant, demeura pratiquement constante, les dépôts bancaires et les espèces totalisant $45.36 milliards vers la fin de l’année. Bref, pendant le deuxième semestre de 1932, l’or revint aux Etats-Unis mais la monnaie en circulation déclina aussi.

Le public n’était plus d’aucune aide pour combattre l’inflation. Face à l’accroissement énorme et rapide des réserves d’or, l’administration ne fit rien alors qu’elle aurait dû stériliser cet accroissement en resserrant sa politique monétaire et en vendant quelques uns de ses nombreux titres. Face à cet accroissement spectaculaire des réserves, une fois de plus les banquiers volèrent à la rescousse de la nation en empilant d’avantage de réserves et en réduisant leur niveau d’endettement auprès de la Fed. Currie estime qu’au quatrième trimestre de 1932, les réserves en excès avaient double et s’établissaient à 20.3 pourcent de toutes les réserves bancaires.

Le professeur Seymour Harris, qui écrivit au plus creux de la dépression, à une époque où il était un modéré de nature prudente, concéda que l’échec de la politique inflationniste de la Réserve Fédérale pouvait être due au fait que « la liquidation ne s’est pas effectuée complètement. » De surcroît, ajouta-t-il, la critique de l’administration concernant une politique monétaire saine est peut-être correcte et il se peut que l’achat de titres sur le marché libre de 1930 à 1932 « ait retardé le processus de liquidation et de réduction des coûts et ainsi accentué la dépression. » [26] En effet.

Si les plans inflationnistes de Hoover furent déjoués par des étrangers, le public et les banques, le président ne resta pas les bras croisés devant ces obstacles. Concernant les étrangers il pouvait faire peu de choses, sauf pousser le Congrès à adopter le Glass-Steagall Act afin de permettre au marché domestique de prendre de l’expansion plus librement. Hoover n’était qu’un inflationniste modéré par rapport à d’autres, et il ne souhaitait pas désancrer le dollar de l’or. Concernant le public, par contre, Hoover pouvait faire beaucoup. Voyant que la quantité d’argent en dehors du système bancaire s’était accrue de $800 millions en 1931, Hoover orchestra une levée de boucliers contre les « traîtres qui accumulent de l’argent ». Par accumulation ou thésaurisation il voulait dire, bien sûr, les individus qui choisissaient de convertir leurs biens en espèces et qui demandaient aux banques de transformer leurs dépôts en argent liquide, ce qu’elles avaient promis de pouvoir faire un jour.

C’est une caractéristique des dépressions, à cause de la nature frauduleuse inhérente du système commercial bancaire, toute tentative sérieuse du public de ravoir des banques ce qui lui appartient cause une panique parmi les banquiers et le gouvernement. Donc, le 3 février, Hoover orchestre un mouvement contre la thésaurisation, celui-ci est menée par la Citizens' Reconstruction Organization (CRO) , dirigée par le colonel Frank Knox de Chicago. Le thésauriseur est anti-patriotique, affirmaient-ils; son comportement amène à une restriction ou une destruction du crédit (i.e. il expose la nature malsaine du crédit octroyé, du fait que celui-ci va à l’encontre de ses intérêts et détruit ce qui est à lui). Un groupe de militants anti-thésaurisation patriotes se rencontrèrent le 6 février pour organiser le mouvement. Etaient présents le général Dawes, Eugene Meyer, les secrétaires Lamont et Mills, A.F. Whitney, Alvanley Johnston, et l’industriel Magnus Alexander. Le CRO pressa vivement les thésauriseurs d’investir l’argent qu’ils accumulaient dans les bonds à court terme, i.e. dans des investissements non productifs. Le 6 mars, Hoover livra un discours sur le mal associé à la thésaurisation : « La bataille aujourd’hui est contre la rétention et l’accumulation d’argent liquide. » La thésaurisation a fait baisser les prix et les revenus, entraîné une restriction du crédit, elle étrangle notre vie quotidienne. « Personne ne niera que si de vastes sommes d’argent gardées sous un matelas aujourd’hui étaient ramenées en circulation, cela donnerait un grand coup de pouce à l’économie. »

Hoover fit alors l’éloge du colonel Knox pour sa "grande bataille contre . . . le peuple américain, et il appela chacun à servir pour la défense de la patrie." Peut-être Hoover a-t-il raison aujourd’hui de donner crédit au mouvement de Knox concernant le fait que la « thésaurisation » cessa en gros de croître pendant l’année 1932 : Elle atteignit un sommet de $5.44 milliards en juillet et ne surmonta pas ce record avant les paniques bancaires de février 1933. Mais si Hoover a raison, des louanges ne constituent pas la récompense appropriée. Car cela signifie que la liquidation des banques fut retardée d’une autre année et que la crise bancaire finale s’intensifia, et ceci veut aussi dire qu’il ne fut pas permis au public de découvrir la vraie nature de son système bancaire.

Les banques reçurent aussi leur part de blâme; Hoover dénonça avec colère le peu d’enthousiasme qu’elles montraient à prendre des risques et prêter en ces temps troubles. Le New York Times rapporte le 20 mai que « Hoover fut troublé par le manque apparent de collaboration des banques commerciales du pays dans la recherche d’expansion du crédit. » En bref, les « banques n’ont pas fait retomber sur leurs clients le bénéfice de ces mesures d’aide. » La colère des autorités inflationnistes concernant la prudence des banques fut illustrée par l’affirmation arrogante du président de la RFC, Atlee Pomerene: "Maintenant . . . et je mesure mes mots, la banque qui a 75 pourcent de liquidités ou plus et qui refuse de faire un prêt lorsqu’un collatéral adéquat est offert, dans les circonstances présentes, est un parasite dans la communauté." Et Hoover avait certainement fait de son mieux pour déclancher l’expansion du crédit bancaire. C’est lui qui convainquit le Congrès d’adopter le Glass-Steagall Act, c’est aussi lui et Meyer qui menèrent les opération d’achat de titre sur le marché libre pour $1 milliard. Après l’adoption du Glass-Steagall Act et du RFC Act, Hoover proclama qu’ils allaient « tellement renforcer la structure du crédit et ouvrir les canaux du crédit pour permettre aux banques de servir les besoins du public plus adéquatement » Le 19 mai, Hoover tenta de pousser les banques dans sa voie en demandant au secrétaire Mills de faire en sorte que les banquiers et les entrepreneurs puissent utiliser le surplus de crédit mis à leur disposition par les achats de titre de la Réserve Fédérale. Un comité fut établi à New York à cette fin ; sur celui-ci on retrouvait des hommes tels que Owen D. Young, président, Walter S. Gifford de AT&T, Charles E. Mitchell de la National City Bank, Alfred P. Sloan, Jr., de General Motors, et Walter C. Teagle de la Standard Oil. le jour suivant, le 20 mai, Hoover émit un communiqué de presse afin de supporter ce comité; il affirmait qu’il espérait que des actions similaires se déroulent ailleurs à travers le pays. Le jeune comité tenta d’organiser un cartel afin de supporter le prix des bonds, mais ce comité accomplit peu de choses, l’idée mourut d’elle-même.

L’Agitation Inflationniste

C’est donc de façon tout à fait justifiée que Herbert Hoover déclara au cours des dernières années: "après qu’il fut entré en fonction, le président Roosevelt basa pratiquement toute sa politique sur les mesures que nous avions adopté." En dépit de son interventionnisme et de sa politique inflationniste, Hoover se considérait compétent si l’on tient compte de certaines théories inflationnistes incongrues qui circulaient en 1932. Le lobby de l’argent, pour ne nommer que celui-là, renforça sa campagne en faveur d’une conférence internationale destinée à faire monter et stabiliser le prix de ce métal. Ils ajoutaient maintenant des propositions concernant un système bi-métallique. Parmi ceux qui supportaient cet effort, on retrouvait les sénateurs King, Smoot, et Borah , la chambre internationale de commerce, et l’ American Federation of Labor. Le sénateur Burton K. Wheeler (D., Mont.) introduisit un projet de loi sur le bimétallisme avec le vieux ratio 16:1, forcément et à bon droit en collaboration avec William Jennings Bryan, Jr. L’Association bimétallique fut formée en février afin de faire la promotion de ce projet, qui était aussi défendu par l’association de gauche National Farmers' Union . L’un des dirigeants articulés du lobby de l’argent était René Leon, qui devint conseiller au House Ways and Means Committee, il poussa le comité à suggérer une conférence internationale. Aucune de ces propositions ne fut adoptée par le Congrès.

Entre temps, de plus en plus d’économistes et de politiciens tentaient de faire la promotion du crédit, quelques uns comme moyen de « regonfler » les prix à leur niveau d’avant la dépression. Curieusement, les « stabilisateurs » de prix, menés par Irving Fisher, dont nous avons discuté auparavant, ne voulaient plus d’une simple stabilisation ; eux aussi voulaient que l’indice des prix grimpe jusqu’à son niveau d’avant dépression. Il n’y a pas de meilleure preuve que les économistes furent toujours des inflationnistes en premiers, et des « stabilisationnistes » en second. Norman Lombard et la Stable Money Association continuaient d’en appeler à une stabilisation; avant qu’elle ne disparaisse, cette association aida à lancer le puissant Comité de la Nation, qui la surpassa dans ses efforts inflationnistes et réussit à faire abandonner l’étalon or en 1933-34. Le Comité pour la Nation fut fondé par le vétéran stabilisationniste Frank A. Vanderlip, ancient président de la National City Bank of New York, et par James H. Rand, Jr., président de la Remington Rand Company. D’autres qui coopérèrent derrière la fondation de ce comité à la fin de 1932 furent Vincent Bendix, le général Robert E. Wood de Sears-Roebuck, Magnus W. Alexander du National Industrial Conference Board, Fred H. Sexauer, un dirigeant des fermiers, E.L. Cord, et Frederic H. Frazier, président de la General Baking Company. Lorsque le Comité pour la Nation s’organisa de façon formelle en janvier 1933, son secrétaire exécutif était Edward A. Rumely, et un autre de ses dirigeants s’appelait Lessing J. Rosenwald.

Les efforts inflationnistes au Congrès pendant ces années inclurent: Un projet de loi du représentant Wright Patman pour donner aux soldats un bonus avec de l’argent fiat (fiduciaire), le plan du sénateur Walsh pour de l’argent fiat, le plan du représentant Burtness' (N. Dak.) pour "stabiliser le pouvoir d’achat de la monnaie," et un autre projet de loi pour « faire grimper le prix des commodités à un seuil qui favorise le crédit et stabiliser ceux-ci par la suite. » Le projet de loi de Burtness's fut introduit en décembre 1931 et le même mois le républicain Christian Ramseyer de l’Iowa introduisit un projet de loi afin de « restaurer et maintenir le niveau des prix » afin d’amener la Réserve Fédérale à fabriquer de l’inflation et ramener les prix à leur niveau de 1926. Un projet de loi similaire fut présenté par le républicain Kent Keller de l’Illinois.

Le plus important projet de loi inflationniste fut lu devant le House Banking and Currency Committee en mars 1932. Le projet Goldsborough donnait à la Réserve Fédérale la mission de faire grimper les prix à leur niveau d’avant la dépression et de stabiliser ceux-ci par la suite. Aussi, la Fed se ferait donner le pouvoir de faire grimper ou descendre la valeur relative du dollar en or tant et aussi longtemps qu’elle le jugerait nécessaire, une idée qui n’était pas sans rappeler le vieux plan de Irving Fisher pour « compenser le dollar. » Pour supporter le projet de loi Goldsborough lors des auditions on trouvait: Edward A. O'Neal, president du Farm Bureau Federation, qui avait mis sur pied le Committee on Stabilization of the Unit of Value afin de faire regonfler le niveau des prix; Louis J. Taber, du National Grange; et John A. Simpson de la National Farmers' Union. Toutes ces personnes croyaient que le projet de loi n’allait pas assez loin ; Henry A. Wallace; l’ex sénateur Robert L. Owen; le professeur Willford I. King, qui doutaient aussi que ce projet soit suffisant ; Alvin T. Simonds, president de Simonds Saw and Steel Company; le colonel Malcolm C. Rorty; W.C. Hushing de l’American Federation of Labor; le professeur Irving Fisher; et George H. Shibley. La Chambre fit peut à l’administration et à l’opinion conservatrice en adoptant le projet de loi Goldsborough le 2 mai par une majorité écrasante de 289 à 60. Les stabilisationnistes avaient atteint leur apogée. La New York Merchants' Association attaqua avec virulence cette loi, et le Commercial and Financial Chronicle-qui fut un indicateur concernant une politique de monnaie saine –attaqua autant le projet Goldsborough et les autorités de la Réserve Fédérale le 7 mai.

«  Il peut paraître inutile d’argumenter contre les folies enchâssées dans la loi Goldsborough alors que nos législateurs qui semblent avoir perdu la raison, et notre seul espoir est que le mouvement puisse être tenu sous contrôle de façon définitive avant qu’il ne soit trop tard. Nous sommes chagrinés d’avoir à dire que les autorités de la Réserve Fédérale sont responsables en partie et qu’elles doivent être blâmées pour avoir inculqué, par le biais de leur achat massif de titres du gouvernement américain, les doctrines malsaines qui trouvent une oreille aussi attentive aujourd’hui

La Réserve Fédérale s’opposa farouchement au projet de loi Goldsborough (devenu la loi Fletcher ) devant le sénat. Le meilleur de ses opposants fut le Dr. Adolph C. Miller, qui affirma de façon pertinente qu’une tentative de « reflation » ne pouvait qu’aggraver la dépression. Miller estimait que si la Réserve Fédérale avait eu à se soumettre à cette loi à la fin des années 1920, la dépression serait aujourd’hui encore pire que ce qu’elle n’est. La loi fut stoppée grâce aux efforts du secrétaire Mills et du sénateur Glass.

Parmi les agitateurs partisans d’une reflation on trouvait aussi les professeurs Commons, Edie, Friday, Kemmerer, Persons, et Rogers, le colonel Leonard P. Ayres, le père Charles Coughlin, le courtier Robert M. Harriss, et Dr. Ivan Wright. Donald Richberg recommanda avec insistance des prêts d’urgence pour les chômeurs. Il ne fait aucun doute que le plan monétaire le plus étrange fut celui qui envisageait le support fédéral à une sorte de système de troc séparé parmi les chômeurs. Ici, les systèmes absurdes proposés par les statistes et les inflationnistes atteignirent leur apogée ; un retrait délibéré d’une économie civilisée fondée sur la monnaie et un pas vers le retour au troc primitif.

Il est abasourdissant de voir que plusieurs économistes de renom, sans aucun doute désarçonnés par la dépression, prêtèrent leur nom à ce système de troc. Le professeur Frank D. Graham, de l’université Princeton, concocta un plan élaboré pour une organisation nommée Emergency Employment Corporation (EEC), qui devait être gérée par le gouvernement fédéral et dont la mission serait de mettre les sans emplois au travail pour qu’ils produisent des biens de consommation en échange de certificats ou de tires provisoires, émis par le EEC. et basés sur le nombre d’heures de travail. [27] Des plans similaires furent suggérés par le professeur Willford I. King de l’université de New York, et Howard O. Eaton de l’université d’Oklahoma. Finalement, une batterie d’économistes, conduite par le professeur J. Douglas Brown, directeur de la section sur les relations industrielles de l’université Princeton, et ancien membre du Comité Présidentiel pour l’Emploi, signèrent une pétition afin que le gouvernement fédéral et les états aident à établir un système de troc où les sans emplois pourraient produire ce qui leur était nécessaire, en dehors du système civilisé d’une économie de marché. [28]
Il est consternant de voir comment le pays était dirigé lorsqu’on constate que parmi les signataires on retrouvait Mallery, Willits, et Wolman, qui étaient membres du Comité d’Urgence pour l’Emploi de Hoover; Willits était l’un des conseillers au comité d’état sur le chômage en Pennsylvanie; Leiserson était le président la Commission d’Etat de l’Ohio sur l’Assurance Chômage ; Douglas avait agi comme conseiller technique auprès du New York State Unemployment Relief Committee; et Graham avait été conseiller pour le Bureau Fédéral Agricole. [29]

Au cours du mois de janvier 1932, deux groupes importants d’économistes donnèrent leur bénédiction à un programme de ré-inflation, bien qu’ils n’allèrent pas jusqu’à recommander le troc ou des titres provisoires. Le Dr. Warren M. Persons, anciennement de l’université de Harvard, organisa une déclaration estimant qu’il y avait un « consensus général » parmi les économistes sur une expansion par la Réserve Fédérale du crédit en deux étapes en collaboration avec les banques commerciales et l’adoption du RFC qui était alors en suspens. Parmi les signataires de la déclaration Persons : Thomas Nixon Carver, John Maurice Clark, John R. Commons, Paul H. Douglas, Irving Fisher, David Friday, Jacob Hollander, Virgil Jordan, Edwin W. Kemmerer, Father John A. Ryan, Edwin R.A. Seligman, Frank W. Taussig, et Henry A. Wallace. [30]

L’une des expressions les plus importantes qui reflète la pensée économique et fiscale des économistes à l’époque de la dépression est donnée par une conférence des quelques uns des économistes les plus en vue, en janvier 1932, à l’université de Chicago, sous l’égide de l’Institut pour la Stabilisation de l’Or et de la Monnaie. [31] Le meeting de Chicago ne passa pas inaperçu, comme on pourrait s’y attendre. Vingt quatre économistes présents firent les recommandations suivantes au président Hoover: (1) L’adoption de ce qui devint plus tard le Glass-Steagall Act; (2) Une campagne systématique de la Fed pour l’achat de titres sur le marché public; (3) L’aide du RFC aux banques ayant des avoirs non éligibles; (4) Maintien d’un programme de travaux publics; (5) Une aide du gouvernement fédéral pour soulager les chômeurs; et (6) un abaissement des tarifs. A l’exception du dernier point, le président Hoover, comme nous l’avons vu, adopta chacune de ces mesures inflationnistes ou interventionnistes. Une part de responsabilité revient donc à ces éminents conseillers pour avoir mal guidé le président Hoover et l’avoir amené vers un programme qui n’a fait qu’aggraver la dépression. [32]

Malheureusement, ces économistes distingués ne rappelèrent pas les paroles de deux des orateurs à cette conférence, qui refusèrent de signer la déclaration finale. L’un était le professeur H. Parker Willis, dont les attaques prophétiques contre la Réserve Fédérale mentionnaient les politiques inflationnistes passées et futures de celle-ci au cours de la dépression. Willis mentionna que la politique de crédit facile avait provoqué un dangereux exode de l’or en 1929 et 1931 et mené à une perte de confiance dans le dollar et des faillites bancaires, qui accentuèrent le manque de confiance. Il avertit que toute politique d’achat des titres du gouvernement pouvait en effet faire grimper les prix mais :

«  toute tentative en ce sens à l’heure actuelle signifierait simplement une aggravation des difficultés pré-existentes parce que nous sommes déjà surchargés par des travaux de construction et du capital fixe qui ne sont pas prêts d’être employés de sitôt.

En bref, les malinvestissements et le gaspillage n’en seraient qu’aggravés. Le standard basé sur l’or serait aussi mis gravement en danger. Brièvement, l’inflation et le crédit facile retardent le « progrès vers le rétablissement d’un système solide de prix et de valeurs. » Willis en appela courageusement à ce que la Réserve Fédérale adopte une politique non interventionniste. [33]
L’autre contribution notable à la conférence fut livrée par le professeur Gottfried von Haberler, à ce moment un partisan de Ludwig von Mises. Haberler présenta à cette conférence, peut-être pour la première fois en Amérique, ce qui était la théorie de Mises sur les cycles économiques. [34] Il mentionna que la théorie monétaire traditionnelle du cycle commercial mettait l’emphase sur la stabilité des prix, avec, comme remède à la dépression, une attaque à l’encontre des prix qui chutaient. Telles étaient les doctrines de Fisher Fisher, Cassel, et Hawtrey. Le niveau des prix, cependant, est une mauvaise ligne de conduite à adopter puisque l’expansion du crédit a aussi une influence sur la structure de la production. De plus, les théories sur le niveau des prix font fausse route puisqu’elles ne font pas la distinction entre une chute des prix causée par une contraction monétaire et celle causée par une chute des coûts de production grâce à un gain de productivité. Entre 1924 et 1929, continua Harbeler, il y eut des gains importants de production, mais le prix des commodités demeura stable à cause d’une inflation de la masse monétaire. [35] Cette inflation amena la dépression subséquente. Premièrement elle allongea la période de production car les taux d’intérêt furent maintenus artificiellement bas afin d’augmenter le volume du crédit. La dépression subséquente, continua Harberler, est l’ajustement nécessaire et l’abandon de ces procédés plus long et la restauration des anciennes proportions de consommation investissements. Par conséquent, des transferts de capitaux et de main d’œuvre doivent se faire avant qu’une reprise ne se manifeste. Les « charlatans…qui prêchent des mesures inflationnistes, » dit Harberler, ignorent la dislocation des ressources nécessaires à la production. D’avantage d’inflation empirerait les choses en créant une disproportion additionnelle de consommateurs et de producteurs pour certains biens. La pire méthode serait un « renforcement unilatéral du pouvoir d’achat du consommateur, parce que c’est justement cet accroissement disproportionnel de la demande pour des biens de consommations qui a précipité la crise. » [36]

La Guerre de Mr. Hoover Contre la Bourse

Au cours de l’année 1932, le président Hoover mis de plus en plus d’énergie dans sa guerre contre les opérations boursières, particulièrement contre ceux qui vendaient à découvert, qu’il continuait de blâmer de façon naïve et absurde à propos de la chute du cours des actions. Hoover oubliait que les taureaux et les ours (bulls and bears) existent depuis toujours, et que pour chaque ours il faut qu’il y ait un taureau. Il ne tint pas compte du fait que la spéculation gomme les variations et facilite un mouvement vers l’équilibre. Le 16 février, Hoover convoqua les dirigeants de la bourse de New York et menaça d’utiliser la coercition à moins que ceux-ci ne prennent des mesures contre les « ours », ceux qui vendaient à découvert. La bourse tenta de se soumettre à ce dictat, mais pas d’une façon suffisamment agressive selon Hoover, qui se déclara insatisfait.

Après avoir averti les responsables de celle-ci qu’une enquête du Congrès aurait lieu, Hoover poussa le Sénat à enquêter sur la Bourse, même s’il admis que le gouvernement fédéral n’avait aucune juridiction sur une institution purement New Yorkaise. Le président utilisa continuellement des moyens de pression pour lancer une enquête sur ce qu’il qualifia de « sinistre », « raids systématique des ours », « horde vicieuse…qui faisait plonger le cours des actions, faisant délibérément un profit à partir des pertes essuyées par d’autres.» A côté d’une rhétorique aussi démagogique, les limites constitutionnelles semblaient pâles en effet. Le Secrétaire au Commerce Lamont protesta contre cette enquête, comme le firent plusieurs banquiers de New York, mais Hoover ne se laissa pas dissuader. Dans sa réponse aux banquiers de New York, Hoover utilisa une boule de cristal mystérieuse pour affirmer que le prix actuel des titres ne représentait pas leur « véritable valeur.» Le marché boursier persista vicieusement à jauger les actions en fonction de leur rendement, un critère utile que Hoover semblait considérer vaguement comme une trahison :

«  La chute vertigineuse des prix vers une valeur reliée aux profits par des manipulations évidentes du marché et la propagande qui veut faire croire que la valeur des actions devrait être basée sur les profits au plus bas de la dépression est un préjudice envers le pays et le public qui veut savoir.

Au lieu de quoi, le public devrait « être intéressé à investir sur la base du futur des Etats-Unis. »

Les calomnies persistantes de Hoover sur la “pourriture” du marché des actions finirent par porter fruit dans l’enquête du Sénat ; celle-ci mena à la démission de Albert Wiggin de la Chase National Bank, et exercer un chantage sur la Bourse avec un effet généralement négatif sur la confiance des milieux d’affaire.
La bourse fut contrainte de restreindre la vente à découvert, et Hoover proposa un contrôle encore plus serré sur celle-ci, anticipant ainsi la future Securities and Exchange Commission (SEC); ce contrôle incluait des prospectus obligatoires sur les actions, une responsabilité plus grande des promoteurs, et un code de conduite du Congrès pour les transactions. Il n’est pas surprenant que Hoover eut plus tard une attitude bénigne vis-à-vis du SEC pendant le New Deal.

Le Système Home Loan Bank

Nous nous rappelons que le président Hoover voulait instaurer un système bancaire grandiose pour des prêts hypothécaires à escompte, un système qui devait inclure toutes les institutions financières, mais le rejet de ce plan par les compagnies d’assurance le força à limiter la couverture obligatoire aux caisses d’épargne logement. Le Federal Home Loan Bank Act fut adopté en juillet 1932. Il constituait 12 banques de district gérées par un Bureau de la Banque Fédérale des Prêts pour les Maisons, un système qui ressemblait au système de la Réserve Fédérale. $125 millions de capital fut injecté par la Trésorerie et le RFC prit la relève par la suite. Hoover se plaignit que le Congrès paralysait son programme en limitant la valeur de l’escompte sur les prêts hypothécaire de 50 pourcent alors qu’il voulait une réduction de 80 pourcent de celle-ci. En août, Hoover mis sur pied des comités nationaux industriels et commerciaux afin d’aider les petites entreprises et encourager le recours à ce nouveau système. En tant qu’orateur à une conférence de ces comités, le président déclara le 26 août qu’il était nécessaire de coordonner les actions individuelles avec celles du gouvernement afin d’aider à la reprise et pour « vous donner l’opportunité de vous organiser pour l’action.»

Le nouveau Home Loan Bank System fut long à démarrer, commençant officiellement le 15 octobre mais n’octroyant aucun prêt avant le mois de décembre. Au début de 1933, les prêts totaux ne totalisaient que $838,000 mais en mars toutes les banques de district opéraient de façon régulière et le total atteignit près de $94 millions à la fin de l’année. [37]

La Loi sur les Faillites

Un autre élément du message de Hoover en 1932 sur son New Deal qui porta fruit fut l’amendement de la loi fédérale sur les faillites afin d’amoindrir les droits du créancier. S’il est nécessaire d’avoir une loi sui les faillites, lorsque le débiteur devient libéré de pratiquement toutes ses obligations (ce qui en soi est douteux, à moins que le créancier et l’emprunteur se soient entendus préalablement pour ce cas hypothétique), un minimum de justice voudrait que le créditeur puisse saisir les avoirs du débiteur. Mais le président Hoover considéra que même cela était excessif, aussi dans son message annuel de 1932 et celui de 1933 il en appela à un amendement qui affaiblirait les droits du créancier. Ces innovations importantes furent débattues au Congrès et elles furent approuvées seulement pour les individus le premier mars 1933 et signé par Hoover par la suite, l’un de ses derniers gestes en tant que président. Le Congrès ne permit pas des changements similaires pour les compagnies jusqu’à l’avènement du New Deal de Roosevelt.

Ces amendements permettaient maintenant à une majorité de créanciers, en quantité($) et en nombre, d’accepter des ententes que le débiteur insolvable préférait afin d’étirer le délai du paiement sans se saisir de « ses » biens. Le résultat fut qu’une minorité de créanciers qui voulaient le remboursement intégral de ce qui leur appartenait se faisaient voler de leurs droits. S’il devait y avoir un vote dicté par la majorité parmi les créditeurs (et ceci semblerait étrange puisque les créanciers individuellement n’ont pas leur mot à dire au départ sur combine est emprunté aux autres créanciers et à qui), alors la seule solution serait d’entamer le processus de faillite, chaque créditeur recevant alors sa part des biens du débiteurs au prorata. Autrement, le créditeur minoritaire est dépouillé et il ne lui reste plus rien.

Le sentiment des débiteurs fut caractérisé par le Cleveland Trust Company's Business Bulletin, qui demandait l’adoption d’une loi pour "empêcher des membres dissidents de s’opposer avec succès" à la "réorganisation ordonnée" des compagnies. Dans son message de 1933 le président Hoover qualifia la mesure de "quelque chose d’une importance vitale." Il était nécessaire, apparemment, d’écraser "l’obstruction des créditeurs minoritaires qui s’opposent à cette solution en espérant que la crainte d’une liquidation ruineuse va amener au règlement de leurs réclamations "—apparemment une position s’apparentant vaguement à de la trahison [38] Les changements à la loi sur les faillites fut combattu vigoureusement par les avocats spécialisés en faillites qui critiquèrent particulièrement la création d’une bureaucratie considérable d’administrateurs et d’examinateurs au sein du département de la justice, en plus de l’interférence gouvernementale non désirée entre les créanciers et les emprunteurs. [39]

Le Combat Contre l’Immigration

Nullement démonté par son échec de l’année précédente, Hoover fit de nouveau pression pour suspendre l’immigration légale pendant la session de 1932, et le projet de loi sur une réduction de 90 pourcent fut de nouveau introduit. Cette fois la réduction devait être permanente plutôt que temporaire, l’argument principal étant la situation économique. Le A.F. of L., l’ American Legion, et plusieurs sociétés patriotiques supportèrent le projet de loi, mais le représentant Dickstein (D., N.Y.) s’arranga pour amener celui-ci dans le House Committee. D’un autre côté, des projets de Disckstein pour faire admettre d’avantage de membres de la famille que ce que l’administration ne permettait furent attaqués par le Département d’Etat et aucune action ne fut prise au Congrès, l’un des projets de Dickstein passant l’étape de la Chambre mais pas celle du Sénat.

Donc, Hoover échoua dans sa tentative d’imposer une suspension de l’immigration via une loi, mais accomplit pratiquement le même but par des détours administratifs et, lors de sa campagne pour la réélection, il se targua de son succès et de préparait à continuer sa politique anti-immigration jusqu’à ce que la dépression ne soit terminée. [40]

Notes

1
Voir Sidney Ratner, American Taxation (New York: W.W. Norton, 1942), pp. 447-49.
2
Voir Jane Kennedy, "Development of Postal Rates: 1845-1955," Land Economics (May, 1957): 93-112; et idem, "Structure and Policy in Postal Rates," Journal of Political Economy (June, 1957): 185-208. Hoover utilisa aussi délibérément un système de subventions au courrier par voie aérienne afin d’amener l’industrie du transport aérien sous la tutelle du gouvernement. Pour Hoover, c’était un gadget servant "au développement ordonné" de cette industrie. Voir Harris Gaylord Warren, Herbert Hoover and the Great Depression (New York: Oxford University Press, 1959), p. 70.
3
Congressional Record 75 (January 12, 1932), p. 1763. Aussi voir Russell C. Leffingwell, "Causes of Depression," Proceedings of the Academy of Political Science (June, 1931): 1.
4
4. Randolph Paul, Taxation in the United States (Boston: Little, Brown, 1954), p. 162.
5
C’est sans aucun doute ce flou qui amena des déclarations de support à la Ligue de figures aussi disparates que le président Hoover, le gouverneur Franklin D. Roosevelt, William Green, le dirigeant de fermiers Louis Taber, Calvin Coolidge, le président de l’ Advisory Council de la ligue, Alfred E. Smith, Newton D. Baker, Elihu Root, et le général Pershing. Voir Bank of the Manhattan Company, Chapters in Business and Finance (New York, 1932), pp. 59-68. Aussi voir National Economy League, Brief in Support of Petition of May 4, 1932. Sur ce commité et sur le comitté similaire National Action Committee, voir Warren, Herbert Hoover and the Great Depression, p. 162
6
Voir James M. Beck, Our Wonderland of Bureaucracy (New York: Macmillan, 1932); Mauritz A. Haligren, Seeds of Revolt (New York: Alfred A. Knopf, 1933), pp. 274ff.
7
Cf. M. Slade Kendrick, A Century and a Half of Federal Expenditures (New York: National Bureau of Economic Research, 1955), pp. 77ff.
8
Voir Lewis H. Kimmel, Federal Budget and Fiscal Policy, 1789-1958 (Washington, D.C.: Brookings Institution, 1959), pp. 155ff.
9
Congressional Record (May 16, 1932), pp. 10309-39. Parmi les supporteurs on trouvait des économistes tels que:
Edwin W. Borchard, Paul W. Brissenden, Morris L. Cooke, Richard T. Ely, Ralph C. Epstein, Irving Fisher, Felix Frankfurter, Walton Hamilton, Horace M. Kallen, Frank H. Knight, William M. Leiserson, W.N. Loucks, Broadus Mitchell, Harold G. Moulton, E.M. Patterson, Selig Perlman, E.R.A. Seligman, Sumner H. Slichter, George Soule, Frank W. Taussig, Ordway Tead, Gordon S. Watkins, Myron W. Watkins, W.F. Willcox, E.E. Witte
10
Voir Joseph E. Reeve, Monetary Reform Movements (Washington, D.C.: American Council on Public Affairs, 1943), p. 19.
11
Sur la pétition des économistes, voir Joseph Dorfman, The Economic Mind in American Civilization (New York: Viking Press, 1959), vol. 5, p. 675.
12
Voir Vladimir D. Kazak?vich, "Inflation and Public Works," dans H. Parker Willis and John M. Chapman, eds., The Economics of Inflation (New York: Columbia University Press, 1935), pp. 344-49.
13
Le récit du Dr. Anderson' sur les mesures de1932 est incompréhensiblement faible, puisqu’il fait volte-face pour plaider en faveur du programme Hoover incluant le NCC, le RFC, et le Glass-Steagall Act-après s’être opposé à des mesures statistes et inflationnistes des premières années de l’ère Hoover. Voir Anderson, Economics and the Public Welfare, pp. 266-78.
14
Le sénateur Robinson se fit promettre par Hoover de nommer Mayer à la tête du RFC en échange du support des democrates au Congrès. Gerald D. Nash, "Herbert Hoover and the Origins of the RFC," Mississippi Valley Historical Review (December, 1959): 461ff.
15
Voir John T. Flynn, "Inside the RFC," Harper's Magazine 166 (1933): 161-69. Le bloc Hoover maintient, cependant, qaue le general Dawes ne voulait pas du prêt du RFC, et que ce sont les banquiers democrates de Chicago et les members démocrate du bureau du RFC qui insistèrent pour que celui-ci soit consenti. La Missouri Pacific avait apparamant falsifié ses bilans comptables avant de demander un prêt au RFC, et prétendu qu’elle avait plus de liquidité entre les mains que ce qu’elle avait vraiment. Ferdinand Lundberg, America's Sixty Families (New York: Citadel Press, 1946), p. 233.
16
Flynn, Inside the RFC. Une autre conséquence des prêts consentis par le RFC aux chemins de fer était une approche vers la socialisation directe des interêts du créancier du RFC dans des entreprises en faillite, et donc de placer des administrateurs gouvernementaux à la tête de celles-ci. Dewing maintenait que "le gouvernement, à travers le pouvoir conféré par ses prêts,, était en position de dominer la politique de réorganisation des chemins de fer.." Arthur Stone Dewing, (5th ed., New York: Ronald Press, 1953), vol. 2, p. 1263.
17
J. Franklin Ebersole, One Year of the Reconstruction Finance Corporation, Quarterly Journal of Economics (May, 1933): 464-87.
18
Voir Edith Abbott, Public Assistance (Chicago: University of Chicago Press, 1940).
19
Costigan et LaFollette obtainrent du materiel pour le projet de loi de la part nu Social Work Conference on Federal Action on Unemployment, nouvellement formé et dirigé par Linton B. Swift de la Family Welfare Association. La nouvelle organization symbolisait le changement de cap recent au sein des travailleurs sociaux professionnels en faveur de l’aide fédérale. Lors du meeting de mai 1932 de la National Conference of Social Work rcelle-ci renversa sa position de 1931 et son opposition à l’aide gouvernementale. Irving Bernstein, The Lean Years: A History of the American Worker, 1920-1933 (Boston: Houghton Mifflin, 1960), pp. 462ff.
20
Un élément qui influença grandement Hoover à capituler et octroyer de l’aide fédérale fut l’intervention des industriels importants de Chicago au début de juin. S’étant vu refuser d’avantage d’aide par la législature de l’Illinois, ils se tournèrent vers le gouvernement. On trouvait parmi ceux-ci les dirigeants de Armour, Wilson, Cudahy, International Harvester, Santa Fe Railroad, Marshall Field, Colgate-Palmolive-Peet, Inland Steel, Bendix, U.S. Gypsum, A.B. Dick, Illinois Bell Telephone, et la First National Bank. Bernstein, The Lean Years: A History of the American Worker, 1920-1933, p. 467.
21
Voir A.E. Geddes, Trends in Relief Expenditures, 1910-1935 (Washington, D.C.: U.S. Government Printing Office, 1937), p. 31.
22
Les défenseurs du Glass-Steagall Act pourraient protester en disant que cette loi s’accorde avec les politiques quantitativistes qui considèrent la quantité totale des avoir plutôt que leur qualité, et que donc les économistes autrichiens devraient défendre leur mesure. Mais le point est que toute permission au gouvernement de prêter aux banques, que ce soit quantitative ou qualitative, est une mesure inflationniste qui ajoute à la masse monétaire, et qui doit donc être critiquée par les économistes « autrichiens »
23
Lauchlin Currie, The Supply and Control of Money in the United States (2nd ed., Cambridge Mass.: Harvard University Press, 1935), p. 116.
24
Pour mettre en perspective la contraction monétaire de la période 1929-1932, qui a souvent été montrée du doigt de fa?on alarmiste, nous devons nous rappeler que la masse monétaire chuta de $73.3 milliards en juin 1929, à $64.7 milliards à la fin de 1932, une chute de seulement 11.6 pourcent, ou 3.3 pourcent par an. Comparez ce taux à l’inflation monétaire annuelle de 7.7 pourcent pendant le boom des années 1920.
25
Seymour E. Harris, Twenty Years of Federal Reserve Policy (Cambridge, Mass.: Harvard University Press, 1933), vol. 2, p. 700. Dorfman, The Economic Mind in American Civilization, vol. 5, pp. 720-21.
26
Voir Frank D. Graham, The Abolition of Unemployment (1932), et Dorfman, The Economic Mind in American Civilization, vol. 5, pp. 720-21.
27
Il est instructif de mentionner les noms et l’affiliation des signataires les plus proéminents de ce monument d’insanité. Il furent : Willard E. Atkins, New York University, Frank Aydelotte, président du Swarthmore College, C. Canby Balderston, University of Pennsylvania,George E. Barnett, Johns Hopkins, président de l’American Economic, Association , John Bates Clark, Columbia University ,Miss Joanna C. Colcord, The Russell Sage Foundation,Morris A. Copeland, University of Michigan, Paul H. Douglas, University of Chicago, Howard O. Eaton, University of Oklahoma, Frank Albert Fetter, Princeton University, Frank Whitson Fetter, Princeton University, Irving Fisher, Yale University, Walton H. Hamilton, Yale University, Paul U. Kellogg, éditeur de Survey Graphic, Willford I. King, New York University, William M. Leiserson, Antioch College, Richard A. Lester, Princeton University, Harley Leist Lutz, Princeton University, James D. Magee, New York University , Otto Tod Mallery Broadus Mitchell, Johns Hopkins University,Sumner H. Slichter, Harvard University,harles T. Tippetts, University of Buffalo, acob Viner, University of Chicago ,harles R. Whittlesey, Princeton University, Joseph H. Willits, Dean of Wharton School, University of Pennsylvania, Leo Wolman, Columbia University
28
New York Times (January 16, 1933): 23. Le mouvement pour le troc avait été tenté sur une base volontaire à l’échelle locale, et, bien entendu, avait échoué de façon lamentable, un fait qui pousse pratiquement toujours les idéologues à exiger que le même plan absurde soit imposé par la coercition à grande échelle par le gouvernement fédéral. Le mouvement pour le troc au sein de coopératives locales commença en juillet 1931 avec le Unemployed Citizens' League of Seattle et se répendit rapidement à la moitié des états américains. Ils échjouèrent tous rapidement. Des scénarios similaires d’"échange de certificats" échouèrent rapidement, après chaque émission des prétendus certificats miraculeux. La tentative la plus notoire fut organisée par l’ Emergency Exchange Association de New York, organisée de façon flamboyante par Stuart Chase et d’autres intellectuels et professionnels. Voir Dorfman, The Economic Mind in American Civilization, vol. 5, pp. 624-25, 677.
29
Ibid., pp. 675-76.
30
Voir Quincy Wright, ed., Gold and Monetary Stabilization (Chicago: University of Chicago Press, 1932).
31
Ce groupe d’économistes incluait: James W. Angell ,Garfield V. Cox ,Aaron Director ,Irving Fisher ,Harold D. Gideonse ,Alvin H. Hansen, Charles O. Hardy,Frank H. Knight ,Arthur W. Marget ,Harry A. Millis ,Lloyd W. Mints ,Harold G. Moulton,Ernest M. Patterson ,C.A. Phillips,Henry Schultz,Henry C. Simons ,Charles S. Tippetts,Jacob Viner ,C.W. Wright ,Ivan Wright ,Theodore O. Yntema
32
H. Parker Willis, "Federal Reserve Policy in Depression," in Wright, ed., Gold and Monetary Stabilization, pp. 77-108.
33
Gottfried von Haberler, "Money and the Business Cycle," in ibid., pp. 43-74.
34
Parlant à la même conférence, le professeur John H. Williams admit que, pour les années 1920: "Il peut être avancé que sans l’expansion du crédit les prix auraient chute, et c’est ce qui aurait dû se produire. C’est en se basant sur ce fait que les économistes autrichiens prédirent la dépression. " John H. Williams, "Monetary Stabilization and the Gold Standard," dans ibid., p. 149. Williams ne signa pas la declaration commune non plus.
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